Lerch Christophe, Thi Thanh Thai Mai, Puhakka Vesa, Burger-Helmchen Thierry
Innovations, 3, 48, p. 5-11.
Année de publication : 2015

Ces dernières années, les entreprises ont pris conscience du rôle joué par la créativité dans la ré-industrialisation et l’élaboration de nouveaux modèles d’affaires. L’entrepreneuriat et l’innovation sont les principaux atouts contre la crise et les moteurs de la relance économique.

La recherche académique, en sciences économiques et de gestion, mais aussi plus largement dans les sciences sociales combine trois courants de littérature respectivement sur l’économie de l’innovation, l’entrepreneuriat et la créativité pour expliquer le développement de nouveaux produits et services ainsi que l’émergence de nouveaux modèles d’affaires (Burger-Helmchen, 2013 ; Rickards et al., 2009). Aujourd’hui, la créativité intéresse les politiques pour son impact macroéconomique, mais aussi les dirigeants de grandes et petites entreprises ainsi que les artisans pour les implications plus microéconomiques.

Les entrepreneurs et intrapreneurs contribuent à la performance des entreprises (Ireland et al., 2009) et sont de réels catalyseurs de la créativité (Bosma, Harding, 2007). En conséquence, les entreprises et les institutions plébiscitent les initiatives créatives, du moins en apparence (Rego et al., 2007). L’innovation est vue comme la matérialisation tangible de la créativité (Fillis, Rentschler, 2010). C’est particulièrement le cas lorsque l’on cherche à obtenir des innovations de rupture (Blauth et al., 2014).

En management de l’innovation, on considère que le type d’innovation (incrémentale ou de rupture) est en grande partie déterminé durant la phase d’idéation. Il s’agit d’un « moment » de libre-pensée avant la mise en pratique des idées ou chacun peut s’exprimer librement. Cette étape initiale est souvent caractérisée par le terme fuzzy-front-end (Cohendet et al., 2013). La créativité individuelle joue un rôle important dans cette phase. Dans la littérature sur l’entrepreneuriat, cette phase initiale correspond à l’identification d’opportunité et à la recherche des ressources nécessaires pour l’exploiter. Bien que de prime abord les individus aient tous un goût prononcé pour la créativité, la concrétisation de cette créativité nécessite une prise de risque. Les entrepreneurs et intrapreneurs se distinguent alors, car ils sont prêts à affronter l’incertitude innée à la poursuite des nouvelles opportunités pour assouvir leurs désirs créatifs (Mueller et al., 2012).

L’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation sont abordés et définis dans de nombreux travaux. De grands auteurs comme Schumpeter et Drucker ont depuis longtemps souligné les connexions existantes entre ces deux notions. Toutefois, l’économie et le management des projets innovants ont grandement évolué depuis les travaux de ces précurseurs.